Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
europa-orientis
13 novembre 2019

Kurdistan et libération des peuples

 

peuplesKurdes

 

La question kurde ne peut se réduire à des considérations d'ordre géo politique- comme la conditionne souvent le traitement de la question par les médias, aux mains d'intérêts particuliers – car une analyse géopolitique ne permet pas de déterminer la légitimité d'un combat populaire ou la légitimité d'une invasion territoriale; la question de la légitimité étant cruciale concernant la cause du peuple Kurde... Une telle lutte est en effet avant tout liée au Droit et au politique (dans son sens premier) et pose la question de l'autonomie des peuples, de leur souveraineté et de la démocratie. Dans un contexte différent, Les Kurdes se battent pour la même chose que les actuels citoyens constituants en France, à la différence que ce peuple est en avance de plusieurs années dans cette lutte; et leurs droits à la souveraineté est défendu comme il se doit : par le peuple en arme. La question à ceux qui (par lubie nationaliste et donc, souverainisme mal compris) méprisent la cause kurde, serait : selon eux quel est le principal problème des pays et peuples du Moyen-Orient ? Qu'ils répondent d'abord à cela, ensuite seulement qu'ils parlent de la cause kurde ...

 

"le centralisme du panarabisme rend la nation vulnérable à tout type de destabilisations, et perméable à l'influence islamiste arabe." 

 

Les nationalistes et pseudo-souverainistes d'Europe considèrent-ils que des régimes à l'idéologie nationaliste, islamiste et pan-identitaire (pan arabisme, pan turquisme...) soient la garantie de la stabilité au Moyen-orient..? Ces mêmes idéologies instituées par les puissances coloniales, et qui sont déjà à l'origine de la situation trouble actuelle dans cette partie du monde, si aisément destabilisables par les forces occidentales (Otan, E.U), ces régimes artificiels ont déjà prouvé leur faiblesse, pour autant, malgré les guerres civiles et les dévastations, rien n'est allé dans le sens de leur basculement, ni même dans celui d'une réforme. Le meilleurs exemple : L'Etat Pan-arabe syrien à la sortie de la guerre, a refusé, conformément à sa nature nationaliste, d'instituer un système de type fédéraliste, plus adapté à un pays de composante pluri-confessionnelles et pluri-ethnique. Refusant par cela de reconnaître que le centralisme du panarabisme rend la nation vulnérable à tout type de destabilisations, et perméable à l'influence islamiste arabe. Comme déjà dit le nationalisme arabe (ou turc par extension) et l'islamisme sont les deux revers d'une même piéce, et s'auto-alimentent, (Faut-il rappeler que derrière Daesh nous trouvons d'anciens généraux irakiens du parti Baas...).

 

"... les puissances occidentales préféreraient que la clef de voûte politique du Moyen-orient se constitue autour de la question islamiste."

 

La question kurde crystalise maintenant toutes les problématiques des peuples du Moyen-orient et d'Asie mineure, dans le sens où elle constitue une clef de voûte, politique, juridique et idéologique. Une telle perspective n'est pas pour arranger les puissances occidentales, qui préféreraient que la clef de voûte politique du Moyen-orient se constitue autour de la question islamiste (qu'elles ont elles-même conditionnée).

 

"... l'entité démocratique fédérale kurde [...] pouvant faire figure d'exemplarité dans un shéma de libération des peuples ..."

 

Voir les kurdes comme des supplétifs des EU est justement les voir comme l'occident les voit, alors que les kurdes luttent pour leur souveraineté, se voient comme un peuple, et non comme une armée... L'analyse géopolitique médiatique, typiquement occidentale, les a jusqu'à mainenant réduit à cela : une armée de supplétifs ... Aucun soutien ni aucune promotion n'est par contre apporté à leur projet politique par l'occident. Croire que leur véritable cause serait soutenu est par conséquent un leurre, car ils ne sont soutenu qu'en tant que supplétifs para-militaires, c'est à dire tels que les puissances occidentales les perçoivent - pour leurs intérêts. Cela explique le retrait précipité et inconventionnel des états-unis du territoire du Rojava, l'entité démocratique fédérale kurde. Une telle société démocratique et fédérale pouvant faire figure d'exemplarité dans un shéma de libération des peuples qui s'étendrait à toute la région, ce qui n'a jamais été dans l'intérêt de l'occident. On remarque par ailleurs que le Rojava est démantelé au moment même où des revendications sociales trés fortes apparaissent en Irak (et tout récement au Liban...)... On remarque encore que le positionnement des puissances occidentales, dont la France, est parfaitement hypocrite sur cette affaire, ne soutenant la cause Kurde que lorsque celle-ci est mise à mal par l'état rival turc, mais l'ignorant complétement le reste du temps. Dans le traitement médiatique occidental on parle souvent de maniére évasive d'une "milice kurde" sans la nommer, évoquant rarement les YPG; et jamais du projet politique et démocratique populaire du PYD ...

 

 

 "Dans la mesure ou l'on sait que le nationalisme arabe et turc sont des créations historiques des réseaux nationalistes européens ..."

 

 

Les nationalistes arabes ne peuvent tolérer, en vertu de leur idéologie Panarabe, une minorité ethnique politisée sur leur territoire. La citoyenneté Syrienne implique l'arabisation des individus, pour être citoyen syrien il faut avoir été "arabisé", donc renoncer à son identité originelle*. Voilà la logique du nationalisme arabe, qui est un identitarisme en plus d'être un suprémacisme racial de nature artificiel. Cela explique que certains Kurdes de Syrie n'ont pu acquérir la nationalité syrienne, alors que l'idéologie panarabe s'évertuait à effacer l'identité de sa minorité en interdisant la pratique de sa langue, comme elle a l'habitude de le faire. Dans la mesure ou l'on sait que le nationalisme arabe et turc sont des créations historiques des réseaux nationalistes européens, on peut comprendre la détestation du peuple kurde par les milieux nationalistes européens (et leur "bâtards" pseudo-dissidents). Ce qui amène des nationalistes européens, à aujourd'hui soutenir un régime turc de type islamiste, quand sur leur territoire l'ennemi tant décrié par eux s'incarne dans la figure du musulman du quotidien (le "barbu", la "femme voilée") : situation assez cocasse (dont seuls les milieux d'extrême droite ont le secret) ... Rappelons que le social et le politique (dans le sens originel du terme, à savoir celui de 'citoyen') sont totalement ignorés de la logique nationaliste, les individus qui la porte ne peuvent donc comprendre les implications majeurs d'un soulèvement citoyen et populaire, d'un projet politique démocratique réel, puisque pour eux seule la nation (comprendre l'état nation) existe, les peuples et leurs droits fondamentaux n'existent pas. Sous prétexte que les revendications populaires sont régulièrement instrumentalisées et récupérées par la haute bourgeoisie (oligarchie) pour ses intérêts, l'un des piliers de leur stratégie consiste à discréditer telle cause au nom de la lutte contre le libéralisme; un libéralisme qui, dans leur dialectique, serait forcément situé "à gauche"**... Ainsi procèdent-ils pour toutes les luttes populaires et légitimes.

 

 

Les kurdes quant à eux savent déjà que la seule guerre qui vaille est celle qui doit mener à la libération des peuples, et non celles qui consistent à protéger l'état (projet nationaliste), ou établir le projet d'un état-fantasme (projet Djihadiste).

 

 

 

Le projet politique des Kurdes n'est (factuellement) absolument pas soutenu par l'occident, les kurdes ne sont soutenus et perçus qu'en tant que supplétifs militaires, voilà pourquoi l'occident préfère les voir sans administration et sans territoire réel .... Pour cette raison et d'autres, ce projet démocratique et populaire au Moyen-orient ne doit pas aboutir, et les nationalismes (ici turc et arabe) sont toujours mis au service des intérêts oligarchiques contre l'intérêt des peuples, comme cela a toujours été le cas depuis les années 20 et l'ascension des fascismes européens, soutenus par l'aristocratie bourgeoise.

 

 

 

*"Le président Bachar el-Assad a promulgué un décret octroyant à des personnes enregistrées comme étrangères dans le gouvernorat de Hassaké la citoyenneté arabe syrienne", affirme un communiqué officiel. 

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/la-syrie-naturalise-300-000-kurdes_980532.html

Où l'on comprend que de par sa doctrine, le régime panarabe syrien n'est pas prêts à reconnaître les minorité vivant sur son territoire, puisque "citoyenneté" n'est pas disctinct d'arabité ou d'arabisation des sujets de l'état. En outre ce décret n'intervient pas en temps de paix, mais en tant de guerre, et peut être vu comme une mesure d'exception de ce régime.

 

 

** A savoir que la critique de la gauche libérale et bourgeoise est d'abord issu des milieux révolutionnaires eux-même (puisqu'elle les concernait eux en premier lieu), critique récupérée à revers par les milieux nationalistes, qui en profitent pour alimenter l'amalgame et la confusion entre lutte historique révolutionnaire et gauche libérale dans les esprits juvéniles ou mal informés ...

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité